En l'absence d'un chenal navigable régulier, face à un fleuve puissant et tumultueux, la batellerie rhodanienne a dû s'adapter et inventer de nouveaux types de bateaux pour se développer. L'invention vers 1840 de ce bateau-grappin, en constitue un bel exemple.
Sur un remorqueur à grandes roues à aubes latérales, une énorme roue métallique dentée d'une quinzaine de crocs est fixée. Cette roue de six mètres de diamètre et pesant une trentaine de tonnes s'agrippe sur le fond du fleuve tant qu'il est suffisant, lorsqu'il remonte, les deux premières entrent en action et le bateau avance en déroulant le câble le reliant aux barques qu'il tire. Arrivé à un point où il retrouve le lit du fleuve, il s'amarre et actionne un tambour rembobinant le câble de traction et poursuit sa route à l'aide de sa troisième roue.
Ce type de bateau pouvait remorquer des convois formés par deux ou trois bateaux chargés et une dizaine de bateaux vides.
Cette technique, spécifiquement rhodanienne, fut durant une cinquantaine d'années la seule à pouvoir triompher des courants violents pour remonter les imposantes barques marchandes dans les secteurs les plus périlleux.
Ce bateau a donc la surprenante particularité de pouvoir flotter, mais aussi rouler!
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